Jijel authentique : la révélation qui enchante tous les Algériens

alioueche mokhtar, CC BY-SA 4.0 <https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0>, via Wikimedia Commons

 

Trois secrets qui ont impressionné un Oranais têtu

« Wallah Mehdi, tu vas voir, Jijel ça n’a rien à voir avec ton Oran ! » Amine tapotait nerveusement le volant de sa Polo blanche en me lançant ce défi pour la dixième fois depuis qu’on avait quitté Alger à l’aube. Moi, Mehdi, 29 ans, Oranais pur souche et fier de l’être, j’avais accepté ce weekend jijelien plus pour faire plaisir à mon ami qu’autre chose. Après tout, quand on a grandi avec les plages d’Aïn Turck et l’ambiance de Santa Cruz, qu’est-ce que l’Est pouvait bien nous apprendre ?

Amine et moi, on se connaît depuis l’université d’Alger. Lui, c’est le gars qui défend Jijel comme si c’était sa propre fille. Moi, je reste convaincu qu’Oran c’est le summum de l’art de vivre algérien. Nos débats durent depuis cinq ans, entre garantita et discussions foot. Mais là, pour ses 30 ans, il avait insisté : « Une fois dans ta vie, laisse-moi te montrer pourquoi ma côte vaut le détour.« 

Le pari était simple. Si Jijel m’impressionnait vraiment, je reconnaîtrais publiquement sa beauté sur Facebook. Mais de là à dire que c’est mieux qu’Oran… jamais ! Un Oranais a sa fierté quand même. Spoiler : j’ai été surpris dès le premier arrêt.

La Plage Rouge : « Même Madagh n’a pas cette particularité ! »

« Ferme les yeux« , m’a ordonné Amine en garant la voiture près de la côte. « Je veux voir ta tête quand tu vas les ouvrir. » J’ai obéi, sceptique mais joueur. Puis il m’a pris par l’épaule et m’a guidé pendant une cinquantaine de mètres sur un sentier qui sentait l’eucalyptus. « Maintenant, regarde.« 

J’ai ouvert les yeux et… « Wallah Amine, c’est quoi cette magie ? » Devant moi s’étendait une plage d’un rouge profond, comme si quelqu’un avait répandu de la poudre de brique sur 500 mètres de sable fin. Mes références oranaises étaient bousculées : même les plus belles plages de Madagh ou des Andalouses n’avaient pas cette particularité unique.

« C’est une algue microscopique« , m’a expliqué fièrement Amine, savourant déjà sa petite victoire. « Elle ne pousse que dans cette baie, nulle part ailleurs en Méditerranée. Tu peux faire le tour de ton Oran, tu trouveras jamais ça. » Il avait ce sourire satisfait que je connais bien chez lui, mais là, franchement, il marquait un point.

On a croisé Omar, un pêcheur local qui réparait ses filets bleus. « Vous venez d’où, les gars ? » « Lui d’Alger, moi d’Oran« , ai-je répondu en montrant Amine. « Ah bon ? Première fois à Jijel pour toi alors ! Tu vas voir, notre côte a ses secrets« , a-t-il souri en nous montrant sa pêche du matin. Même les inconnus s’y mettaient maintenant !

J’ai retiré mes chaussures et senti cette texture unique sous mes pieds nus. Le sable rouge était doux, presque soyeux, contrastant avec l’eau d’un bleu cristallin. « Bon d’accord« , ai-je admis, « c’est vraiment unique. Ça n’enlève rien à Oran, mais c’est… différent. » Amine a souri : « Attends de voir la suite, on n’a même pas commencé !« 

Les Grottes Merveilleuses : « Oran n’a pas de cathédrales souterraines »

L’après-midi, direction les fameuses grottes dont Amine me parle depuis des années. « Tu verras« , disait-il en garant la voiture, « tes amis d’Oran ils ont quoi comme grottes ? Les tunnels du métro d’Alger ? » Toujours ce côté taquin qui m’énerve et m’amuse à la fois.

La descente dans les grottes m’a d’abord laissé perplexe. Ces boyaux sombres ne payaient pas de mine. Puis on est arrivés dans la première salle et là… « Soubhan Allah, Amine ! On se croirait dans un palais souterrain ! » Des stalactites de toutes formes tombaient du plafond comme des lustres de cristal, sculptées par des millénaires de patience aquatique.

« Regarde ça« , m’a chuchoté Amine en éclairant une formation particulière avec sa lampe de téléphone. « On l’appelle ‘la Mosquée’. Tu vois le mihrab naturel ? » Effectivement, la roche avait créé une niche parfaite, comme taillée par un architecte divin. « Mes grands-parents venaient prier ici pendant la guerre« , a-t-il ajouté, plus sérieux soudain.

Fatima, notre guide aux cheveux voilés, nous a rejoints : « Quinze degrés de différence avec l’extérieur, été comme hiver. Nos ancêtres avaient leur climatiseur naturel, al hamdoulillah ! » Elle nous a menés au « Salon », la salle principale, où j’ai touché ces formations polies par des millions de mains curieuses. « Tu sais khouya« , ai-je avoué à Amine, « à Oran on a la mer, on a l’histoire, mais ça… ça c’est vraiment impressionnant.« 

Il a souri sans rien dire. Pas besoin de mots entre amis. Jijel marquait son deuxième point, mais ça ne diminuait pas ma fierté oranaise pour autant.

La Corniche Jijelienne : « 120 kilomètres de pur bonheur »

Le soir, Amine m’a tendu les clés de sa voiture : « Toi qui aimes conduire sur la corniche oranaise, teste un peu la nôtre. Cent vingt kilomètres d’un coup, prends ton temps ! » Encore ce côté défi amical que j’adore chez lui.

On a pris la route de Ziama Mansouriah au coucher du soleil. Et là, macha Allah… Chaque virage révélait une nouvelle baie, une nouvelle nuance de bleu, une nouvelle crique secrète nichée entre les falaises. « Tu peux t’arrêter où tu veux« , m’a lancé Amine, « chaque plage a son caractère. » Il n’exagérait même pas.

On s’est arrêtés à un petit café perché sur un promontoire. Nadir, le patron aux tempes grises, nous a servi deux cafés en terrasse : « Vous venez d’où, mes fils ? » – la question rituelle de l’hospitalité algérienne. « Oran pour moi, Alger pour lui, mais lui il est de Jijel d’origine« , ai-je expliqué poliment.

« Ah ! Et alors, tu dis quoi de notre côte comparé à Oran ? » J’ai regardé Amine qui attendait ma réaction avec amusement. Puis cette vue incroyable : 180 degrés de Méditerranée, des criques cachées à perte de vue, cette lumière dorée qui caressait la roche… « Franchement« , ai-je lâché, « vous avez vraiment de la chance ici. C’est différent d’Oran, mais c’est… magnifique.« 

Amine a commandé une deuxième tournée pour célébrer ça. « Tu vois maintenant pourquoi je défends ma région ? » On a roulé jusqu’à la nuit sur cette corniche qui semblait infinie, musique d’Idir à fond, vitres baissées, comme deux frères qui découvrent un nouveau terrain de jeu.

La fierté partagée

Le dimanche soir, de retour vers Alger, j’ai tenu ma promesse. J’ai posté sur Facebook : « Après un weekend à Jijel avec mon ami Amine… Mes respects ! Cette côte a vraiment des trésors uniques. Oran reste mon cœur, mais el djazaïr nous gâte sur tout le littoral 🇩🇿« 

Amine a partagé directement avec le commentaire : « Mehdi l’Oranais a découvert l’Est ! Maintenant il comprend pourquoi on est fiers de nos coins, al hamdoulillah 😁 » Ce malin savait que j’allais pas aller plus loin dans les compliments.

Mais au fond, ce weekend m’a appris quelque chose d’important. Nous, Algériens, on défend nos régions comme nos propres enfants. C’est normal et c’est beau. Oran restera toujours ma référence, mes plages d’enfance, mon identité. Mais découvrir Jijel ne diminue pas Oran – ça enrichit ma vision de ce qu’on a comme patrimoine exceptionnel.

Et si nos frères et sœurs de la diaspora nous lisent : arrêtez de demander quelle ville visiter en priorité. Venez voir nos querelles amicales en vrai, nos plages uniques, nos grottes mystérieuses, nos corniches infinies. Venez comprendre pourquoi on est si fiers de nos coins, même quand on taquine gentiment les voisins.

Maintenant, Amine me prépare déjà le prochain voyage : « La prochaine fois, c’est Béjaïa. Tu verras le phare le plus haut du monde et les singes du Cap Carbon. Tu vas encore être surpris, inch Allah ! » J’ai dit oui. Parce qu’au fond, découvrir son pays avec de vrais amis, même quand ils taquinent un peu trop, ça reste un privilège qu’Allah nous a donné.

 

Cet article illustre la richesse diversifiée du littoral algérien à travers le prisme de l’amitié régionale. Les taquineries amicales entre villes reflètent l’attachement profond des Algériens à leur patrimoine local, tout en célébrant la beauté collective du pays.

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